Province du Kongo Central : des zones de santé classées silencieuses reprennent la notification des cas suspects de la fièvre jaune avec l’appui de l’OMS

Province du Kongo Central : des zones de santé classées silencieuses reprennent la notification des cas suspects de la fièvre jaune avec l’appui de l’OMS

MATADI, 28 juin 2016 - Depuis le début de l’année 2016, le Kongo Central (Sud-ouest), l’une des trois provinces - avec Kinshasa et Kwango, notifie plus de 307 cas suspects de fièvre jaune. Parmi ces cas, 37 ont été confirmés dont 36 importés de l’Angola, pays voisin de la République Démocratique du Congo fortement touché par la même épidémie depuis décembre 2015. Un cas autochtone a été détecté dans la zone de santé de Matadi, ce qui a amplifié la thèse d’une circulation locale débutante de la maladie dans la province. Selon la dernière analyse de risque, neuf zones de santé - Boma, Boma-Bungu, Kimpangu, Kimpese, Kitona, Matadi, Muanda, Nsona-Pangu et Nzanza - ont été considérées plus à risque d’importation des cas et ont organisé la campagne de masse de riposte vaccinale du 26 mai au 4 juin 2016. Le 20 juin 2016, le ministre de la santé publique de la RDC, le Dr Félix Kabange Numbi a officiellement déclaré l’épidémie localisée dans les trois provinces susmentionnées.


La grande inconnue était la situation des zones dites ‘silencieuses’ - une dizaine au total - qui ne notifiaient pas les cas suspects de la fièvre jaune, alors que l’épidémie avait déjà touché la province. ‘‘Quand on est arrivé ici, on atteignait à peine 20 zones de santé sur les 31 du Kongo Central pour la notification des cas suspects. La complétude tournait autour de 65%. Mais avec nos visites dans lesdites zones, celles-ci ont commencé à notifier journalièrement un grand nombre de cas suspects de fièvre jaune’’, explique le Dr Valentin Mukinda, un des épidémiologistes de l’OMS déployés dans le Kongo Central dans le cadre de la réponse d’urgence pour appuyer les autorités provinciales à stopper la propagation du virus amaril.  

Trois équipes conjointes d’épidémiologistes de l’OMS et de la Division provinciale de la santé (DPS) ont entrepris des missions multidisciplinaires dans les zones concernées - Boko-Kivulu, Gombe-Matadi, Kangu, Kimbunzi, Kinkonzi, Kizu, Luozi, Mangembo, N’selo et Tshela - pour les sortir du silence. L’objectif était de sensibiliser les autorités sanitaires locales et les communautés sur la situation critique et les risques élevés de la fièvre jaune sévissant en Angola et en RDC, particulièrement dans les 9 autres zones de santé de la province du Kongo Central, afin de réactiver la recherche et la notification des cas suspects, et de renforcer la surveillance épidémiologique, y compris l’alerte précoce. 

Une note circulaire du gouvernement provincial annonçant la survenue de l’épidémie du virus amaril avait pourtant été publiée, afin de permettre l’accélération et la mise en œuvre des mesures de prévention et de la gestion de l’épidémie dans la province. ‘‘Mais les zones dites silencieuses n’en étaient que moins bien informées, en raison de la couverture très limitée ou l’inexistence du réseau moderne des télécommunications comme c’est le cas de la zone de Kimbunzi’’, note pour sa part le Dr Vital Mondonge, en charge de la surveillance intégrée à l’OMS. Son équipe a également visité la région de Luozi, où certaines aires de santé d’accès difficile partagent la frontière avec la République du Congo. ‘‘Les répondants de ces zones, en l’occurrence les médecins chefs des zones n’étaient pas sur place lors de notre passage; leurs familles respectives résidant ailleurs, ils rentrent bien souvent pour leur rendre visite pendant plusieurs jours. Cette absence préjudicie sérieusement la bonne marche des activités de lutte, faiblement mises en œuvre dans ces secteurs à haut risque’’, ajoute-t-il.

Surveillance épidémiologique, surveillance à base communautaire et alerte précoce au cœur des séances de formation

Les rencontres sont souvent précédées par des séances de travail avec les responsables des zones de santé qui reçoivent le briefing sur la situation générale des épidémies à déclaration obligatoire, mais plus particulièrement de la fièvre jaune, avec l’alerte précoce comme un des points fondamentaux à considérer durant l’épidémie en cours. Les autres zones n’ayant pas vacciné sont également une dizaine, et les populations s’en inquiètent, voulant savoir pourquoi elles n’ont pas été prises en compte. L’OMS et ses partenaires de la DPS y ont poursuivi des séances de mise à niveau des connaissances pour une meilleure perception du risque de la fièvre jaune, et les mesures nécessaires à prendre en vue de renforcer la lutte anti vectorielle. ‘‘Ici chez nous à Inga, nous avons les vecteurs responsables du virus amaril, ce sont les moustiques de type aedes aegypti qui transmettent la maladie’’, résume le Dr Alexis Muzila, médecin chef de zone d’Inga, à une quarantaine de km plus au sud-ouest de Matadi. C’était lors de son mot d’ouverture consacrée à la fièvre jaune et à l’alerte précoce dans sa zone. 

Il est successivement relayé par le Dr Tati Mawanda - en charge de la surveillance à la DPS Kongo Central, et les deux épidémiologistes de l’OMS, Dr Richard Letshu, (responsable du Bureau provincial de l’OMS dans le Kongo Central), et Dr Valentin Mukinda. Ils résument à tour de rôle leurs exposés sur l’engagement communautaire, la surveillance épidémiologique, la surveillance à base communautaire, l’alerte précoce et invitent les participants à ‘‘s’approprier la lutte contre la fièvre jaune’’ avant que la maladie ne puisse toucher également les aires de santé les plus reculées de cette communauté locale. Ces séances de renforcement des capacités devraient durer des semaines avec l’aide de l’OMS qui fournit guides techniques simplifiés en dépliants contenant des messages clés sur le virus amaril.

Au bout de plus d’une heure et demi d’intenses échanges, la notion d’alerte précoce, loin d’être le seul sujet majeur au centre des discussions semblait être bien assimilée par les participants. ‘‘Ces briefings nous ont beaucoup profités. Je me sens désormais bien équipée et prête pour procéder à la détection des cas suspects de la fièvre jaune dans notre communauté et de transmettre sans tarder l’information au niveau supérieur pour qu’une intervention sanitaire soit effective’’, dit Mathy Mavinga, Infirmière superviseuse principale de la zone de santé d’Inga. A Inga, trois aires de santé sur les dix que compte la zone ne sont pas non plus couvertes par le réseau de télécommunications et ne sont accessibles que par la moto ou le vélo. ‘‘Atteindre toutes ces aires de santé n’est pas chose facile. Mais nous allons nous approcher des autres leaders communautaires et religieux, avec l’appui des chefs des secteurs et des relais communautaires pour transmettre à notre tour ce que nous venons d’apprendre, et renforcer davantage la surveillance à base communautaire, y compris dans nos structures des soins’’, ajoute-t-elle.

Pour rappel, plus de 1,3 millions de personnes âgées de plus de neuf mois et plus ont été vaccinées lors de la campagne de riposte d’urgence susmentionnée au Kongo Central, avec la participation de près de 2 mille vaccinateurs, à la fois appuyés par un millier d’agents de l’ordre et un autre millier de pointeurs dans les zones de santé ciblées le long de la frontière commune avec l’Angola, incluant deux du Chef-lieu provincial - à savoir : Matadi et Nzanza. 

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Pour des informations supplémentaires, veuillez contacter: 

Dr Yokouidé Allarangar, Représentant de l’OMS en RDC,  allarangaryo [at] who.int 

Relations médias: 

Eugene Kabambi, Chargé de communications, Direct: +243 81 715  1697,  Office : +47 241 39 027,  kabambie [at] who.int


Ci-dessous:

PHOTO 1 : Le Dr Alexis Muzila, médecin chef de zone d’Inga s’adressant aux participants venus de son entité administrative pour suivre le briefings sur la fièvre jaune et l’alerte précoce, en présence des épidémiologistes de l’OMS et de la Division provinciale de la santé du Kongo Central

PHOTO 2 : Une vue partielle des participants de l’aire de santé de Vunda, Zone de santé d’Inga, suivant attentivement le briefing sur l’alerte précoce des cas suspects de la fièvre jaune présenté par le Dr Mukinda, un des épidémiologistes de l’OMS

PHOTO 3 : Le Dr Richard Letshu (OMS) lors des échanges avec les agents de l’équipe cadre de la zone de santé de Seke-Banza, dans une des salles de classe ayant servi de cadre pour le briefing

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